Rien ne prédestinait Guy Arnoux à une vie d'artiste.
Son père était un homme des plus sérieux, haut fonctionnaire, Directeur des contributions directes et du Cadastre de la Seine, Officier de la Légion d'honneur. Pour l'avenir de son fils, il avait choisi la voie d'études dans les meilleurs établissements parisiens, Stanislas pour le Collège puis Janson de Sailly et Henri IV.
Mais Guy Arnoux était bien plus intéressé par les histoires militaires de ses aïeux et il vendit ses livres de faculté pour s'acheter peintures et pinceaux au grand dam de ses parents. C'est alors qu'il fit ses premières rencontres avec les artistes de Montparnasse.
En 1907 jusqu'à 1909, il fit son service militaire dans les Dragons dans l'Est. Il y croisa Alain Fournier qui terminait son Grand Meaulne.
De retour à Paris, il enchaîna les Bals et toutes les espiègleries jusqu'à sa rencontre en 1910 avec Jeanne, qui deviendra sa femme en 1911. Mais ce mariage était impossible car le père de sa future épouse, banquier, Directeur du Comptoir d'Escompte, n'imaginanait pas que sa fille puisse épouser un artiste. On s'empressa donc de trouver un "vrai" travail pour Guy qui deviendra, en février 1911, attaché au Musée Carnavalet.
Les apparences étaient sauves.
Dans la famille Arnoux, le premier à se distinguer fut Gabriel, Maire de Lusignan, puis André, Lieutenant Général dans la Grande Armée et décoré de la légion d'honneur par l'empereur en 1814. Le général Paul Edouard Arnoux, inhumé aux Invalides dont il fut Gouverneur après une carrière militaire de très haut rang, était Grand Officier dans l'ordre de la légion d'honneur; il a été décoré à chacun de ses faits d'armes sur tous les fronts. Sosthène était un Mathématicien de renom et Edouard collectionnait les décorations du monde entier. C'est ainsi que l'imaginaire de Guy Arnoux s'est formé, entre des récits historiques et patriotiques, appuyés par des dessins sur des cahiers de croquis à chaque génération, son père et son grand-père étant de merveilleux aquarelistes à leurs temps perdus.
On comprend mieux alors la destinée de ce jeune homme qui deviendra peintre de la marine, conjugant ainsi les armes et le pinceau.